Παρασκευή 10 Ιουνίου 2016

L’économie sociale et solidaire en Grèce: situation présente et questions stratégiques



1.    Introduction

La présence d’initiatives d’économie sociale et solidaire (ESS) en Grèce est un phenomène qui a pris une ampleur considérable durant la période après 2010, donc après l’entrée du pays dans la période des memoranda, une ampleur pourtant réduite en comparaison avec des pays comme l’Espagne, la France ou la Belgique. Il s’agit en grande partie d’initiatives de solidarité conduites par des volontaires, et dans une moindre mesure de coopératives pouvant assurer le payment de salaires, integrées donc dans des activités marchandes.
De l’autre coté la question discutée au niveau international, du role de la politique étatique concernant le développement et le caractère de l’ESS, se pose chez nous d’une façon plus profonde et en grande partie originale. Malgré le fait que de plusieurs cotés l’ESS est présentée comme un moyen puissant pour contrer les conséquences de la crise, surtout pour l’emploi, nous n’avons pas vraiment une stratégie qui pourrait, au niveau théorique comme au niveau des politiques proposées et appliquées, constituer une réponse à la crise où le role de l’ESS aurait une importance quantitative ou qualitative particulière.


2.    La profondeur de la crise

Il est important de noter que le situation présente de la Grèce ne doit pas etre comprise comme la crise d’une économie fordiste, avec ce que celà signifie au niveau d’un controle institutionel dans le passé du processus de développement. Mais doit etre au contraire comprise comme le résultat de l’ annulation d’une perspective fordiste, par la jonction du système clientéliste national traditionel et des choix neolibéraux, au moment de l’entrée de la Grèce dans le Marché Commun, durant les années 80. Les conséquences néfastes de la gestion neolibérale se sont accumulées durant 3 décennies, au niveau de la réduction de l’appareil de production, comme au niveau de la faiblesse et de l’inefficacité de l’appareil institutionel, reproduisant les pratiques cilentélistes de la période d’après guerre.
L’application de politiques d’austérité pour gérer le surendettement et la crise de compètitivité, à partir de 2010, ont profondément affecté l’activité économique, avec un baisse du PIB supérieure à 25%, jusqu’à 2015, et des baisses de 60% de la production industrielle de biens capitalistiques et intermédiaires. Le chomage est autour de 30% de la population active, tandis que les baisses de salaires n’ont pas conduit à une reprise de investissements, ni à une augmentation des exportations. Selon l’organisation patronale principale (SEV), les ammortissemnts annuels sont de l’ordre des 32 milliards, quand les investissements sont de l’ordre des 18 m. ce qui signifie que pour garder constant le stock de capital nous avons besoin durant les 7 années prochaines d’investissements de 100 m. L’appareil productif grec est resté orienté vers le marché intérieur, ayant perdu sur le long terme une partie importante de sa capacité. La possibilité de profiter d’avantages comme le bas cout ou le niveau de qualification du travail, se trouve confrontée à la faiblesse des institutions adéquates et des politiques structurelles, et aux pressions des organisations patronales qui demandent surtout un soutien aux entreprises existantes, dans une perspective de survie à court terme.
Il faut aussi voir à quel point les politiques neolibérales du passé et ensuite les mesures imposées par les memoranda, ont transformé le paysage social et ont renforcé les alliances sociales qui profitent de ces politiques. La Grèce est le pays européen où le monde du travail a été presque entièrement désorganisé, où dominent le chomage, la précarité, le travail non déclaré, où des efforts constants visent à la prolétarisation des professions libérales. Les classes populaires, des groupes de classes moyennes qui ont souffert à cause de la crise et de sa gestion, ont voté contre le programme néolibéral, mais l’alliance des riches et de la tranche supérieure des classes moyennes continue à imposer sa vision de l’économie et de la gestion de l’économie aux institutions de l’état. Le manque de réforme de ces institutions, et l’absence d’un projet de reconstruction correspondant aux attentes des classes populaires, est la caractéristique de la période actuelle, et la contradiction qui met en danger le rapport de force politique actuel.
Dans ce contexte l’ESS s’est surtout développée comme une somme d’activités volontaires de solidarité, en marge des politiques de l’état, impulsant en meme temps l’approche dominante du gouvernement actuel concernant la question sociale, une approche qui combat la ‘crise humanitaire’, tout en étant très en retard en ce qui concerne le développement volontariste de l’ESS. Dans le cadre des activités volontaires de l’ESS réellement existante, il y a des activités qui ont une dynamique consciente radicale, p.e. le réseau des 50 et plus dispensaires sociaux, et qui demandent des alliances sociales et des projets politiques plus vastes qui devraient etre assumés (avec des organisations syndicales principalement, dans l’exemple du secteur de la santé), grace à des rapports de force en faveur des classes populaires.

3.    Quel role pour l’ESS

Une économie et une société victimes des gestions néolibérales, et sans ressources et moteurs pour combler rapidement le vide productif et social instauré, demandent un projet qui combine le développement d’activités productives (du marché, de l’état et de l’économie solidaire), de processus redistributifs (à travers notamment le controle de la monnaie et du système bancaire), et de relations de solidarité mutuelles directes. Le développement d’activités productives dans le cadre d’un projet d’élargissement de l’ESS, nécessite une planification des activités qui devraient etre privilégiées – par régions – en accord avec une planification comprenant aussi les activités marchandes capitalistes, et une planifications des investissements publics.
Les processus redistributifs, comprennent des redistributions de revenus et de ressources, mais aussi de postes de travail et de rémunérations, dans le but d’égaliser les services rendus, et de les rendre disponibles pour la totalité de la population. Il s’agit évidemment d’orientations qui ne peuvent etre adoptées que dans le cadre d’un projet plus général de reconstruction productive et sociale, rendu notamment actuel par l’éxistence des dispensaires sociaux, mais aussi p.e. d’activités volontaires d’éducation complémentaire dans les écoles publiques. En général les activités volontaires d’offre de services sociaux – ou meme de services d’organisation comme dans le cas des ‘marchés sans intermédiaires’ – doivent aboutir à des activités rémunérées par des fonds publics.
Les relations mutuelles directes, qui relient des groupes sociaux en dehors d’échanges marchants (en dehors d’un marché national ou regional), peuvent aussi constituer des élements d’une planification à la base, qui font partie de la planification générale. L’acceptation de la nécessaire complexité des relations économiques, pour établir des équilibres productifs et sociaux, demande un renouveau institutionel radical qui puisse faire passer la gestion de l’économie dans son ensemble, de la crise permanente d’un état clienteliste, à la planification à plusieurs niveaux. Celà signifie que le personnel des institutions publiques doit passer d’une situation de gestion des relations contradictoires qui se heurtent et se reconstituent continuellement au sein de l’appareil de l’état, à une situation de gestion collective de projets et d’un projet, imposé par une direction politique adéquate et une société mobilisée.
Quelle est la place de l’ESS dans de tels projets, dans un tel projet? Dans le paysage politique et social de la Grèce il y a plusieurs approches du role de l’ESS, allant de l’exploitation par certains groupes de la possibilité de renouveller le système cleintéliste en lui ajoutant une nouvelle catégorie d’unités économiques, à l’idée d’incorporer l’économie sociale dans un nouveau projet fordiste, et jusqu’à un ensemble d’idées non reliées programmatiquement qui attribuent aux diverses catétogies d’initiatives des vertus radicales et meme anti-capitalistes. Mais à partir du moment que l’on constate que le caractère meme des intitiatives conduit à la nécessité d’un projet radical global, ou que les besoins éxistants devraient conduire à l’extension de certains types d’initiatives au delà de la marge de l’activité économique, l’absence d’un projet d’ensemble, risque de conduire à l’usure ou la marginalisation des activitées développées jusqu’à présent.
Mais ce que nous constatons aussi en Grèce c’est que les initiatives d’ESS, dans un contexte tellement tendu et destructif pour les formes d’organisation solidaires en général, peuvent rester en marge et meme se diriger vers des impasses à cause de l’absence de dynamiques radicales entretenues par des politiques centrales de l’état ou des authorités régionales. Mais quels sont les facteurs qui peuvent conduire à l’élaboration d’un projet qui puisse soutenir la dynamique des experiences éxistantes dans le domaine de l’ESS? Comme toujours un projet politique doit etre construit à travers un processus qui est en meme temps un processus cognitif, mais aussi un processus de constitution d’alliances sociales qui supportent  ce projet. Il doit s’agir de forces sociales mobilisables, et pouvant avoir des interets communs s’exprimants dans le cadre d’un projet commun.
Dans un pays détruit, dans un pays où une partie considérable des classes moyennes est paupérisée et se trouve donc devant une impasse en ce qui concerne son avenir (d’ailleurs un cas typique dans les pays européens durant la 2ème guerre mondiale), une nouvelle alliance doit se constituer entre une partie considérable des classes moyennes et les classes populaires. Conduisant en réalité à la possibilité d’un renversement de l’alliance dominante entre le capital (industriel ou financier) et une partie des classes moyennes, mais aussi à une libération du potentiel d’invention et d’innovation contenu dans le capital cognitif existant.
Pour faire face à la particularité de la conjoncture présente, nous devons faire l’hypothèse que l’alliance politique entre les classes populaires et une partie des classes moyennes, et en particulier une partie importante des ‘knowledge workers’, devrait aussi prendre la forme d’un projet politique de société - une alliance du savoir et de la justice – instituant un nouveau contrat social de l’intéret commun, basé sur un nouveau modèle de planification, de gestion et de financement, où des catégories d’entreprises auraient leur place, mais où la domination du capital, financier ou industriel, aurait disparu. Une partie des experiences d’ESS, sont en fait le prelude à un tel modèle et risquent de disparaitre s’il n’arrive pas à devenir dominant.
Mais le changement de période entre la décennie de la ‘modernisation’ (qui a lié les classes moyennes au capital tout en désorganisant  graduellement le monde du travail), et les années des memoranda, a pauperisé une partie des classes moyennes, sans en meme temps leur offrir la possibilité d’acquérir le capital cognitif et organisationel, qui leur permettrait de passer au stade de l’élaboration d’un nouveau projet politique général, et à l’abandon de la nostalgie d’une époque de prospérité acquise grace à la soumission au capital financier et aux politiques néolibérales. Le renouveau de la représentation politique des classes sociales victimes de la crise et de sa gestion néolibérale ne s’est pas produit, et le paysage politique grec se caractérise par diverses versions de programmes politiques qui tous s’adressent en fin de compte à l’espoir d’un retour en arrière, à l’époque de la prospérité du capitalisme grec, et non pas à l’espoir d’une époque post-capitaliste, faisant face aux problèmes de la société dans son ensemble.

4.    Conclusions

Le développement de l’ESS en Grèce en ce moment, dépend en grande partie de l’existence d’un projet plus général pour l’économie et la société, et par conséquent de la constitution d’un cadre institutionel adéquat, à tous les niveaux. Un tel projet devrait etre constitué de dimensions différentes qui sont (a) la planification de la reconstruction, (b) un nouveau cadre institutionel d’administration du plan, et (c) de nouvelles sources et formes de financement du plan à tous les niveaux.
Pour le domaine de l’ESS, deux directions sont necessaries:
-       La planification au niveau regional et local des activités où il est souhaitable de soutenir des initiatives d’économie sociale, ou d’intégrer dans des politiques sociales des initiatives solidaires,
-       La constitution de structures d’aide et d’accompagnement des initiatives.
La question du financement, est cruciale à cause du manqué de fonds publics et de l’impuissance du secteur bancaire. Pour le projet de reconstruction dans son ensemble il est important de combiner l’utilisation rationelle des fonds publics (nationaux ou européen), la constitution d’un système bancaire public capable d’assumer les choix de la planification, et la création de monnaies supplémentaires.  Les monnaies supplémentaires peuvent etre des opportunités, par excellence, de soutien de l’ESS localement, mais aussi de reconstruction d’économie régionales ou locales.

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